Vous connaissez ma propension Ă m’Ă©merveiller d’un rien. Aujourd’hui je vous raconte l’histoire ordinaire d’une pomme de terre bio. Ma tendresse va tant aux ĂȘtres, qu’aux vĂ©gĂ©taux, aux lombrics qui lentement, mĂ©ticuleusement, oublieux de leur tĂąche sur cette planĂšte, participent Ă son bon fonctionnement, Ă sa poĂ©sie.
Poésie que je convoque et cueille tant pour aimer que souffrir un monde absurde.
DrĂŽle de hasard qui fait se cĂŽtoyer mon minuscule quotidien Ă l’immense local mitoyen, dĂ©sert, qui a abritĂ© CĂ©sar. Ou Ă la façade rose du domicile d’AgnĂšs Varda. Les artistes, cĂ©lĂšbres ou anonymes, morts ou vivants, sont partout.
Bref.
C’est au printemps. Mes pots de terre en jachĂšre sur mon rebord de fenĂȘtre parisien donnent vie Ă quelques brins d’herbes sauvages, Ă un bout de plante que j’identifie vite comme un pied de pomme de terre. Comment a-t-il atterri lĂ ? Un reste de semence du gigantesque jardin potager de mes parents en Charente avait prospĂ©rĂ© sur mon petit mĂštre carrĂ© de jardin parisien. Je l’ai laissĂ© dĂ©rouler ses mĂ©andres verts jusqu’au moment oĂč je ferais ma minuscule rĂ©colte.
Ce dimanche. Je mets la main verte dans mes pots, mĂ©lange terres et compost. Sous la plus haute feuille d’un avocatier sommeille une coccinelle pois jaunes et noirs. Dans mon cuit-vapeur, la pomme de terre bio de 3cm x 6cm continue sa petite vie d’aliment, que je croque avec bonheur et une pointe de sel.
billet revu et corrigé, initialement publié sur des fraises et de la tendresse en octobre 2014
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