Ma routine à 7h55 : éclairage(1) du poste de travail : 11 clics, un mot de passe imbitable, 4 clics dont deux doubles, un copier-coller, encore 7 clics, un bonjour sur la messagerie instantanée du boulot, 19 clics, je passe mon statut en « disponible » et chausse mon casque-micro puis j’attends patiemment le chaland en détresse, l’appel au secours.
Dans une des salles communes, je dépose au frigo mon frichti et fais couler le nectar qui va, censément, stimuler mes connexions neuronales.
Nous sommes le 25 novembre et la salade Sodebo Manhattan poulet rôti attend toujours son propriétaire au frigo partagé. Curieux de nature, je note qu’elle a officiellement périmé le 9 septembre. Le bac à légumes en plastique trône toujours à l’extèrieur, dans un coin de la pièce. Le coca qui s’y était répandu et n’avait provoqué aucun élan de propreté a séché et bien séché (depuis l’été dernier). La plaque en verre censée couvrir le bac s’est fendue de désespoir. Ses morceaux éparpillés implorent qu’on abrège leur souffrance et qu’on les jette. La poubelle, à proximité, n’a pas les bras assez longs pour se servir elle-même de déchets.
Retour au bureau. Premier appel. Je prends la main sur le poste d’une utilisatrice. Elle me montre le fichier qu’elle ne parvient pas à ouvrir et se reprend :
— Ohlalalala mais que j’suis nigaude, je vous montre avec le doigt sur l’écran 🤣
C’est lundi, bonjour !
(1) J’entends souvent des collègues dire éclairer au lieu d’allumer ou démarrer. Ils disent aussi la wifi, Tinderbird (Thunderbird), Outeloque (Outlook), logeain (login) ou tolki-wolki.
Y a un bon gros air de blues qui colle aux semelles, avec les « ffffuit » des doigts sur les cordes de guitare, en musique imaginaire de ce post.
bon, faut vite changer ça et jouer un morceau joyeux !
la description de la salade Sodebo est assez croustillante… l’état du frigo aussi. Et alors t’as des appels où la personne parle de logeain à tinderbeuuurde ?
des appels pour logeain, tinderbeurde ou outelok, j’en ai tous les jours
Qu’est-il advenu du propriétaire de ladite barquette ? Peut-on disparaître aussi facilement dans cette société dont les membres attendent d’être péchés par les chalands en détresse ?
Aurait-il ou aurait-elle rejoint l’un d’eux – à tire dailes grâce à Tinder-bird en laissant derrière sa pitance dans l’espoir de nourritures moins indigestes que tous les mots qu’on nous impose ?
Et si wifi était non genré.e ?
Ah ça, la vie est plus faite de questions que de réponses et tant mieux finalement, non ? Des questions, du mystère.
La salade abandonnée et l’état du frigo me font me demander dans quelle ruine tu travailles…
Belle journée avec les outeloque et autre tinderdird 😉
Quand j’y vais c’est lundi toute la semaine 😶
Bon mardi 😉
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