Le beau brun de la rue Maubeuge à Paris

Je monte la rue de Maubeuge, dans le 9e arrondissement à Paris. Par une fin de matinée mi-figue mi-raisin, je cherche une terrasse où poser mon humeur joyeuse. Lendemain de victoire. L’autocollant en forme de cœur rouge avec l’inscription « L’HUMAIN D’ABORD », souvenir de la Bastille hier nuit, a troqué l’endroit pour l’envers, le revers de mon manteau.

Je croise un beau brun, lunettes de soleil et jeans portés négligemment, une barbe de quatre jours, qui descend la rue de Maubeuge. Nous nous sommes vus et regardés furtivement. Il continue son chemin. Dix mètres plus loin, simultanément, nous nous retournons. Un sourire timide de mon côté comme du sien. Il hésite, j’hésite. Puis nous reprenons nos routes séparées. A l’angle de la rue d’après, je m’arrête. Je réfléchis. La vie est trop courte pour rater ces occasions. Quelle qu’elles soient. Je change de direction pour le suivre. Il tourne. Dans son sillage, je tourne.
Planté au passage piétons qu’il ne semble pas décidé à quitter, il m’attend.

Échange de sourires tour à tour embarrassés, assumés.

— Salut, dis-je.
— Salut.
— On prend un café ?
— … en fait, je n’ai pas vraiment le temps.
— Tu habites le coin ?
— Oui. Et toi ?
— Non.
— Pas de chances qu’on se recroise alors…
— Dommage.
— Oui, très dommage.

Et chacun retourne à son chemin. Avec, pour ma part, le sentiment d’avoir éclairé ma journée avec cette rencontre aussi furtive qu’étonnante. Et le juron que je me suis répété longtemps ce matin : « Non mais quel con. Tu ne pouvais pas lui donner ton numéro de téléphone, non ? »

billet publié sur des fraises et de la tendresse en mai 2012

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