Art et charité

Art et charité

Alors que j’ai franchi le seuil d’une foultitude de salles de spectacles (de théâtre, surtout) quand j’étais parisien, j’ai comparativement très peu fréquenté les salles de Marseille (le Silo, surtout) et de la région (l’étonnant 6MIC à Aix-en-Provence, dernièrement). J’ai gardé une drôle de manie que j’ai évoquée hier avec l’amie Claire : je m’interroge toujours sur la jauge, la capacité, les coulisses. Je me souviens d’un annuaire des professionnels du spectacle que je consultais avec fascination. Cet ouvrage moisit peut-être au fond d’un carton à la cave. Je passais en revue par ordre alphabétique les théâtres parisiens et provinciaux. On y trouvait un plan de la salle, une bio succinte et les contacts, noms et téléphones des personnes gérant les lieux où je rêvais de poser mes valises de metteur en scène et acteur (dans une précédente vie). Bref, un outil devenu préhistorique.

Je m’interrogeais hier sur la signification des mots inscrits(1) au-dessus de la scène du Théâtre de l’Œuvre, où se produisait hier la charismatique Klaire fait grr (j’ai commis un billet sur son livre La fin des coquillettes).

Le théâtre abritait en 1937 une association caritative, sociale et culturelle, La Paix, fondée en 1931 par un immigré italien ayant fui en 1920 son pays et le fascisme, et destinée à venir en aide aux personnes en difficultés. Toute ressemblance avec des circonstances contemporaines n’est pas fortuite : l’art et la culture sont aujourd’hui les premières victimes de coupes budgétaires drastiques voire destructrices ; l’art et la culture restent, me semble-t-il, des outils essentiels aux questionnements, à l’émancipation, aux luttes. Mais je m’égare.

Je vous livre un résumé à la hache des infos glanées ici et là. Merci Internet. Victime collatérale du règne sans partage de l’automobile, le théâtre est détruit pour faire place à l’autoroute nord à la Porte d’Aix. L’association déménage alors dans une vieille remise des Nouvelles Galeries, au cœur du quartier de Belzunce. Le deuxième Théâtre de l’Œuvre ne voit le jour qu’en février 1965. Fermé puis rouvert en 2017 (la page officielle comble en détails les ellipses de mon billet), l’équipe en place construit aujourd’hui une programmation artistique, entre musiques actuelles, théâtre, danse et propositions jeune public, sans oublier le volet social, citoyen et participatif.

Claire et moi avons apporté hier notre microscopique pierre à l’édifice en adhérant à l’association qui gère le théâtre. J’en profite pour dire bravo à Klaire fait grr (et Prisco Langet au piano) et vous recommande chaudement son tour de non-chant (classe, drôlerie(2), poésie, irréverence jubilatoires) : aux Trois Baudets à Paris (le 14 février), à Saint-Ghislain en Belgique (le 12 mars).



(1) Au-dessus de la scène, les mots « Art et Charité », nom de la chorale y donnant des concerts réguliers de 1968 à 2008.

(2) Parti trop vite, je n’ai pas pu acheter son badge fait main « Darmanin caca boudin ». Klaire fait grr, la reine des rimes. J’ai aimé ses pas-chansons. J’ai aimé ses transitions ! Elle a l’art de la conversation (naturelle) en rimes et ça j’adore (j’invite tous les acteurs en herbe ou confirmés à en prendre de la graine).

Commentaires

  1. Je me demandais pourquoi tu parlais du Théâtre de l’Oeuvre qui, comme chacun sait, est à deux pas de mon bureau et pas du tout à Marseille, et puis j’ai ouvert les yeux, etc. Bonjour, café, finalement, hein !

    • Rhalala tout ne tourne pas autour de la capitale dirait un Marseillais agacé 🤣 je te pardonne mais parce que je ne doute pas de ta curiosité intellectuelle 😘

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