Un café sous le platane

Le Palais Longchamp vu depuis la terrasse d'un bistrot. Platane de près, feuilles de platanes en haut de la photo, auvent et guirlandes d'ampoules blanches

Quand j’étais parisien et que je traversais la Seine pour rejoindre le quartier où se croisent touristes, bourgeois, Qataris et Saoudiens, je ne manquais jamais de photographier la Tour Eiffel depuis mon siège côté fenêtre dans le métro ligne 6. Aujourd’hui, c’est le Palais Longchamp qui peuple la galerie photos de mon smartphone. Le climat n’est pas le même. J’ai d’ailleurs cessé de comparer ce qui n’est pas comparable.

Par solidarité avec mes amis parisiens, la photo qui illustre ce billet prouve que nous aussi sommes accablés par la grisaille, rarement, mais ça arrive. Une grisaille attenuée, enveloppée par les guirlandes d’ampoules, façon guinguette, suspendues à l’auvent de cette terrasse de café marseillais. Sur le réseau social du papillon bleu, une voisine m’écrit qu’elle serait volontiers descendue me faire la bise si elle n’était pas en pyjama.

Dans la galerie de mon téléphone, un autre cliché avec des relents homophobes dont je ne sais que faire : l’énorme pancarte d’un café en bas de chez moi sur lequel était écrit en lettres capitales, lisibles de tout le quartier le soir de la diffusion d’un match de ballon rond, « Aujourd’hui : OM vs PDSG ». PDSG en rouge souligné deux fois.

Sans commentaire et sans transition, une tasse de café à la main, je passe devant le bureau du collègue d’à côté. Je sais qu’il s’attend à ce que je m’arrête pour tailler une bavette. Je dis : Re ! (car j’ai déjà dit salut lors d’un premier passage) et je gagne mon bureau, ferme la porte et retrouve l’autre collègue qui commente, chuchotant fort, le jeu qui l’occupe sur son téléphone. Quand il ne joue pas, il me parle de choses et d’autres. Je déploie des efforts surhumains pour ne pas bailler d’ennui, j’épuise mon stock de « oui oui » et de « hmm », je ferme le ban en baissant les yeux sur ma lecture des quotidiens, non sans vous souhaiter une bonne journée.

Commentaires

  1. Je me demandais hier si je n’étais pas une sorte de plante verte, à ronchonner dès qu’il fait gris.

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