Une tarte à la mouche

— Qu’est-ce que je vous sers ?

— Une tarte à la mouche s’il vous plaît.


C’est un dialogue imaginaire que j’ai tenu avec la vendeuse de la boulangerie en bas de l’immeuble. J’avais déjà testé leur frangipane, sèche comme le vent soufflant sur le désert de Gobi. Par paresse, je m’étais autrefois fourvoyé dans l’achat de viennoiseries aussi insipides qu’un roman de Bruno Lemaire ou Marlène Schiappa. Pardonnez-moi à l’avance les comparaisons douteuses, les métaphores incongrues. J’écris ce billet capillotracté sur le thème Iwak* de la crête.

— Tu veux ma photo, m’a lancé la mouche perchée sur le renflement** brun de la meringue et brusquement douée de parole.

Je l’ai prise au mot et me suis barré. Ai-je pris la mouche pour si peu ?

Ivre de glucose, elle n’était pas coupable, la pauvre. Elle n’était peut-être même pas porteuse de bactéries ou de germes pathogènes. La mouche sur la tartelette au citron meringuée, c’est l’image négligée que donne à voir la boulangerie pâtisserie. C’est la ligne de crête que j’aurais pu emprunter : l’étroit chemin sur lequel marcher devient périlleux. Offrir aux amis chez qui nous étions conviés une tarte pas chère et peu ragoûtante, au risque d’embarrasser notre tube digestif. Ou acheter une belle tarte aux fraises chez un pâtissier concurrent, à quatre*** encâblures. Ce que j’ai fait. J’y ai gagné un peu de marche, un arrêt minute à la sortie du métro Cinq Avenues, un large choix de desserts aussi séduisants que goûteux et un billet de blog.

À moins que la mouche ne soit un élément de déco pour Halloween…

Vous saviez que les mouches voient louche ? (et je ne dis pas ça pour le rime).



Le mot du jour (d’hier, j’avoue) IWAK était crête.

* IWAK : Inktober with a keyboard, EncrOctobre avec un clavier 😉 Il s’agit d’écrire autour d’un mot, d’un thème.

** Vous avez la référence ?

*** 1 encâblure (ancienne mesure marine de longueur) = 180 à 200 mètres

Commentaires

  1. Ça me rappelle une histoire de recette dans un journal. Le texte et les photos avaient été lus, vérifiés et relus par plein de gens.
    Mais ça a été publié avec une mouche sur le gâteau.
    Les lectrices ont écrit au journal pour demander où acheter la mouche.

  2. Ben

    Si à deux encablures il y a bien meilleur, pourquoi s’attarder… Si ce n’est pour sauver une mouche prête à manger mauvais 😉

  3. Petit louis

    Voilà la crête passée et avec gourmandise.Je me méfie toujours de ces boulangeries ou les gâteaux sont trop visuels.

    • La seconde boulangerie, c’est aussi visuel mais l’hygiène a l’air + carrée. Et d’un point de vue gustatif, c’est bien meilleur. Donc tout le monde est gagnant.

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