Allez viens, elle est bonne (ou pas) !

Tiraillé entre une paresse aussi poisseuse que douillette et l’envie de prendre l’air, j’enfourche mon vélo et m’en vais voir la mer. Je slalome entre les badauds du premier jour de l’année qui déambulent autour des cabanes en bois, fermées, du marché d’idées cadeaux de dernière minute, sur la portion piétonne de la Canebière qui conduit au Vieux-Port. Je constate avec joie que le boulevard qui mène de la fausse cible d’atterrissage (œuvre d’art⁽¹⁾ éphémère livrée aux herbes folles) aux Catalans est pourvue d’une vraie piste cyclable, sécurisée.

Quinze minutes de vélo, c’est pas violent comme activité sportive mais c’est déjà ça. Quinze minutes, c’est le temps qu’il me faut pour rejoindre la célèbre plage marseillaise.

Face au bien nommé le Bikini café, sur les bancs qui longent la plage des Catalans, les gens dardent un œil dubitatif ou amusé sur les téméraires (des femmes, surtout) qui bravent la mer glacée.

Assis sur un tronc de bois flotté probablement charrié par les récentes rafales du mistral, les baskets ancrées dans le sable, je contemple la mer étale, l’archipel du Frioul à l’horizon, des baigneurs célébrant à leur manière le premier jour de l’année. Un grain de soleil, dit une promeneuse au téléphone pas loin, ça y est, il n’y est plus. Un homme invite sa compagne à se poser sur la plage : Viens, avant que ce ne soit la place Saint-Marc.

Un groupe principalement féminin⁽²⁾ a formé un cercle et s’est lancé dans une séance de gym. Autour de moi, je ressens une humeur bon enfant, je perçois des sourires (beaucoup). Une asso ou un club a déplié une table, déployé des chaises, disposé des thermos de café, des choses à grignoter. Il est presque midi, les nageuses et nageurs ont regagné le joyeux stand et entrechoquent avec les accompagnateurs moins zélés leurs gobelets : bonne année !

⁽¹⁾ Œuvre de Jean-Baptiste Sauvage (2020)

⁽²⁾ 15 femmes, 2 hommes. J’en déduis que les hommes comatent encore ou sont moins courageux. Bonne année aux femmes, surtout 😘