La dame de la chambre 202 m’a demandé de l’aide pour récupérer les photos de son iPhone. Il s’agissait de mettre en pratique les conseils du vendeur de l’Apple Store, conseils qu’elle avait compris mais bon pas tout à fait. Je l’ai aidée. Le lendemain, elle s’est présentée avec son mari à la réception.
— Où pourrions-nous aller, à quelques heures de Paris, pour voir du beau pays, de jolis endroits ?
J’ai évoqué avec eux le champ infini des possibles, j’ai suggéré la Côte Basque, un peu trop loin tout compte fait. Ils ont renchéri : « Et Bordeaux ? » Oui mais l’océan serait encore loin. Certes il y a la ville aux 400 monuments historiques, les routes des vins dans le Médoc, l’Entre-deux-Mers. Il faudrait prendre un bus ou mieux, louer une voiture. Et pourquoi pas la Normandie ? Honfleur, Deauville. Un déjeuner aux Vapeurs, à Trouville.
Réceptionniste, je me fais concierge et me plonge dans les méandres de la SNCF. Navigation trop alambiquée pour deux jeunes sexagénaires qui disent ne piper mot à internet, qui plus est en français. Bon joueur, je m’attelle à la tâche et leur réserve billets de train et nuits d’hôtel. Sur Booking je trouve leur bonheur, je leur propose d’appeler l’hôtel en question. D’hôtelier à hôtelière, je marchande un peu. Et avec force politesse, j’obtiens une ristourne de 200 euros (les commissions dévolues à Booking s’évaporent).
Accoudés à la réception, sous l’œil mi-las mi-amusé de ma patronne, nous finalisons leur réservation et ils me parlent de leur séjour à Paris.
— C’est étonnant comme tout le monde est gentil avec nous. On sait que vous n’aimez pas trop les Américains. Nous, on aime les Français. Et, oooooohhhh, on s’excuse teeeelllllllemeeeent pour le président Trump et compagnie.
Peinant à dissimuler leur joie, Margaret et Ronald me parlent un peu d’eux, me font parler de moi. Ce qui je l’avoue ne m’est pas difficile. Nous sympathisons. Assez pour les taquiner lorsque la discussion se poursuit plus tard sur le perron de l’hôtel. Ils s’apprêtent à sortir dîner dans le quartier. Ronald avoue :
— C’est vrai, je suis souvent à râler, ronchonner, oui, vous avez raison, mais vous savez, je suis avocat, entre le bien-fondé de votre charmante théorie du verre à moitié plein et les raisons objectives de se plaindre, il y a un monde et je l’explore.
Sous le regard enjoué et complice de sa compagne, je réponds :
— Voyez comme vous vous justifiez. Votre mauvaise humeur lasse votre épouse, elle vous emmène à Paris, profitez-en !
Elle et son compagnon se regardent et éclatent de rire.
Prenant congé, Ronald me lance un jovial :
— Un jour, nous visiterons votre Périgord natal et Bergerac aussi.
billet initialement publié sur des fraises et de la tendresse en juin 2013
Y’a un truc qui ne colle pas. En 2013, Trump n’était pas président.
Je viens de vérifier, le billet date bien de 2013. Et même si Obama était alors président, Trump faisait déjà parler de lui, et pas en bien. Je ne me souviens pas de ses frasques d’alors mais bien que ces clients m’en aient parlé.