Le moelleux au chocolat de Juliette à Saint-Germain-des-Prés

Le moelleux au chocolat de Juliette à Saint-Germain-des-Prés

Avertissement : Ce billet de blog contient poncifs, clichés et bons sentiments susceptibles de choquer le lecteur. Toutes choses basées sur des fais réels.

Les colonnes des journaux résonnent trop souvent du mal-être au travail pour que je n’apporte pas aujourd’hui ma contribution… positive. J’ai côtoyé des salariés que le travail rendait physiquement malade. Et un bon paquet. J’ai croisé des collègues en larmes, au bord de la dépression nerveuse, des employés exploités servant de paillassons aux exigences de patrons tyranniques et/ou incompétents (ça va souvent de pair).

J’ai mis longtemps à comprendre et accepter que l’employeur idéal n’existait pas. L’employé idéal n’est d’ailleurs pas plus palpable. 

Questions à 100 balles et une barre chocolatée : une des racines du mal-être au travail ne serait-elle pas l’abîme séparant nos aspirations de ce que l’on appelle communément le terrain, la réalité ? Ne sommes-nous pas fatalement destinés à nous fracasser la mâchoire sur ce fossé ? Est-il possible d’envisager un travail dans son acception la plus simple de la tâche à accomplir sans exiger qu’elle nous épanouisse ?

Je me suis réconcilié aujourd’hui avec le monde du travail. Rien que ça. 

Arrivant au terme d’un contrat de 3 semaines au sein d’un joli hôtel 4 étoiles à Saint-Germain-des-Prés, j’ai vogué de surprise en surprise. Oh rien de magique ni d’exceptionnel. Des attentions, un café apporté avec le sourire, des comment-ça-va-ce-matin, une tâche que l’on terminait à ma place, une pause qu’on m’accordait, me forçant presque manu militari à sortir déjeuner, un pot de départ et j’en passe des vertes et des incroyables.

Je n’oublierai jamais la femme de chambre sous le choc de la nouvelle de mon départ. L’expression ahurie sur le visage du bagagiste, déçu. La mine fière et enjouée de l’apprentie arrivant les bras chargés d’un moelleux au chocolat mitonné à deux heures du matin et séparé en 12 tranches égales. Mais quoi ? Je n’allais pas partir avec roulements de tambours et annonces solennelles. Je n’étais qu’un intérimaire passant par là.

Mais abîmé par des expériences professionnelles difficiles, j’ai pris toutes ces attentions comme des cadeaux. 

Ce matin, à la réception, un client débarque, darde sur mon apprentie et moi un regard étonné, presque suspect. Il demande : 

— Pourquoi vous souriez comme ça ?

La réponse naïve a jailli toute seule :

— Parce qu’on est contents de travailler ici.

billet initialement publié sur des fraises et de la tendresse en juillet 2013

Commentaires

  1. Juliette

    Cher Laurent,
    J’ai appris l’existence de ton blog par Marie et j’en suis ravie, je te remercie pour cet article qui fait chaud au cœur ! Mais surtout pour tes sourires et ta gentillesse au cours de ces semaines certes brèves mais agréables…
    Ton apprentie 🙂

    • — j’ai rapatrié ce billet (doux à mon cœur) ici et bien entendu ce commentaire de Juliette. Pour info, Marie est (ou était ?) la directrice de cet hôtel rive gauche.

  2. Mme Chapeau

    J’aime beaucoup votre façon de raconter et je suis heureuse pour vous que vous soyez réconcilié avec le monde du travail.
    Bien à vous.
    Mme Chapeau, intermittente du commentaire.

    • Merci pour votre lecture, votre commentaire, même intermittent. Au plaisir de vous savoir égarée entre les lignes de mes autres billets.

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