Le client et la vieille dame oublieuse

Laissez-moi vous raconter quelques minutes dans une file d’attente à la supérette en bas de chez moi, une anecdote bête comme chou qui vous dira, peut-être, que le monde n’est pas totalement parti en biberine. La vieille dame n’a pas l’appoint pour ses courses, elle a oublié sa cb. Le client suivant, un jeune homme, trentenaire tatoué, bien dans ses baskets, grand, propose de payer ses achats, c’est pas beaucoup, dix euros et des poussières, mais c’est le geste, il ne fanfaronne pas, balaie d’un revers de main les mots de la vieille dame gênée. Il dit : ne vous tracassez pas, c’est pas un problème. Penaude, elle dit : j’espère qu’on se croisera bientôt, que je puisse vous rembourser. Il répète : ne vous tracassez pas. La caissière prend à partie le client pour chuchoter. Assez fort pour que j’entende. Que la vieille dame est coutumière du fait, qu’elle a Alzheimer. L’homme répond : vous savez, j’aimerais qu’à son âge et avec Alzheimer ou pas, quelqu’un fasse la même chose pour moi.