J’ignore si les jeux de mots figurent au cahier des charges pour ouvrir un salon de coiffure. En tout cas, je me bidonne en lisant un papier(1) qui recense les noms insolites, pas toujours inspirés, de salons dans la Mayenne. Chapeau à Cédric qui a baptisé son commerce à Changé près de Laval : Céd’a Tif. « Quelques-uns s’amusent en me disant je te cède mes tifs, confie le coiffeur.
J’imagine que vous avez une coiffeuse qui joue sur les mots près de chez vous. Marseille n’est pas en reste : entre Treize en beauté (tiré par les cheveux), Faudra Tif Hair (dans le 5e, nouvelle adresse chic pour cheveux texturés) et Peuchair, j’ai un faible pour le troisième. Et si j’étais communicant pour le salon, j’oserais l’accroche : « Envie d’un coup de ciseaux expert pour ta tête de peuchère ? »
Je me suis promené sur Google Maps. Sur la photo d’octobre 2024 qui illustre ce billet, un couple âgé, visages floutés, passent devant la boutique. Un cabas noir au bras, un pantalon gris élégant, une veste en jean parce qu’on est en octobre, peut-être le matin, la dame tient l’homme par la main. Ils remontent la rue d’Endoume qui est en pente. Tandis que je m’arrache les cheveux sur l’échiquier Maps pour obtenir les meilleures captures d’écran, les photos divergent. La voiture Google a avalé du bitume et d’autres clichés alimentent mon voyage immobile. J’observe alors que l’homme sort de chez Peuchair. La dame est venue le chercher. Elle lui relate sa matinée, énumère les gens qu’elle a croisés : le gars bedonnant en béquilles promenant un spitz sans laisse qui a levé la patte sur le banc vert pomme du caviste Grenadine ; le vieux client attablé à la terrasse du Bar de l’Avenir, canne bariolée, chemise débraillée, casquette vissée sur la crâne ; le grand brun aux cheveux filasses qui a fait coucou à la voiture Google.

Devant la façade voisine d’une agence immo moche, lisse et sans âme, qui a remplacé un resto vietnamien répondant au doux nom de Paradis, ils s’étonneront du rideau baissé alors que les horaires indiquent le contraire et regretteront l’absence d’appartements à la location dans ce quartier prisé. Rouleront des yeux étonnés devant les noms exotiques dans la vitrine du CBD shop, à l’angle, où la pente devient plus douce un peu plus loin. La boutique a pris la place d’une autre agence immo moche qui a elle-même pris la place d’une autre agence immo moche (une vraie maladie !). À force de basculer d’une photo à l’autre, de 2008 à 2024, j’ai mal aux cheveux. 🙃
C’était un récit(2) proche de la réalité que j’ai tissé en juillet 2025 autour de la rue d’Endoume, Marseille 7e, photographié par Google par un jour ensoleillé d’octobre 2024.
(1) Merci Sylvie D !
(2) Ce billet contient de vrais morceaux d’Endoume. Il suffit de cliquer ici et d’y déplacer le petit bonhomme jaune de Maps (sur l’ordi, pas sur le tél) pour s’en convaincre ou, mieux, d’y déambuler barbe au vent (si vous avez une barbe).
P.S. Aujourd’hui, par un mistral à décoiffer les girafes sur la Canebière, je conclus ce papier avec une dédicace pour Claire : au carrefour Bompard-Endoume, plus haut mais même quartier, le caviste Pompette spécialiste des vins qui ne donnent pas mal à la tête (pour la rime) :


C’est drôle, j’avoue. Mais 13 en beauté marche bien aussi !
Pas sûr que tout le monde dans le quartier capte le jeu de mots mais c’est là aussi réside le charme de la chose.
Un PS pour le caviste Pompette, c’est possible ?
Près de chez moi dans le 5ème un nouveau coiffeur chic pour cheveux texturés (afro) : Faudra Tif Hair
Billet mis à jour 😉👍
Tout cela est capillotracté, non ?
Moi je vais, parfois, rarement, chez « Pat’coif ».
J’adore l’histoire que tu tires d’une image volée au quotidien. Ces personnages ont peut-être disparu depuis…
Les humains presque aussi éphémères que les boutiques qu’ils visitent…
Le coiffeur à coté de chez moi, dans mon petit coin de Bretonnie s’appelle : Diminu’Tif 🙂 oui je crois qu’il y a obligation de jeu de mot pour l’ouverture d’un magasin de capilotractation 😉
Diminu’Tif, ça se tient, puisque il diminue les tifs 🙃
C’est vrai que 13 en beauté marcherait mieux dans le Nord.
Légèrement hors sujet, quoique de même structure, j’ai connu un salon d’esthéticienne qui s’appelait Pil’poil avec comme slogan « le salon où l’on s’épile et où on se poile »…
L’esthéticienne raconte des blagues en plus de faire le maillot de ses clientes ?
Treize en beauté, pourquoi le nord ?
Aucune idée, je n’ai pas testé l’esthéticienne 😉.
Pour treize, je pensais à la prononciation plus appuyée du e final, clairement muet dans le Nord. Ce sont ces différences de prononciation qui font que dans le Midi beaucoup de personnes ne voyaient pas le lien entre Lapeyre et « il y en a pas deux »…
(team premier degré) mais du coup : treize oœufs en beauté, ça serait plus pour une épicerie
Dans la même veine, pourquoi pas une épicerie mais à voir selon l’âge du coiffeur ou de la coiffeuse ! Je me souviens que ma grand-mère utilisait du shampoing aux œufs… et en plus ça se vend toujours et bien sûr tu trouveras des recettes en ligne 😉
Pas besoin de recette, je te remercie, je n’ai pas assez de cheveux pour envisager de faire appel à une pauvre poule de batterie…