Les Parisiens sont gentils

Ça va faire rire mon amie Claire⁽¹⁾. Sur le quai, Paris Gare de Lyon, le Ouigo vomit une foule de voyageurs. Je me demande combien une rame peut contenir d’humains. Dans le tohu-bohu ambiant, je fais rouler ma valise cabine, je note mentalement de chercher sur internet la jauge d’une rame⁽²⁾, sachant que mon Ouigo complet en comporte deux. Face à la borne me barrant le passage vers le RER A, je dégaine mon téléphone, bip, les portillons s’ouvrent. Je suis bouche bée. Je n’étais pas du tout mais du tout sûr de mon coup : mon achat en ligne sur les applications de transports franciliens pour une journée de transports illimités. J’ai noté d’éviter soigneusement les kilomètres de couloirs dotés de tapis roulants à Châtelet, en panne jusqu’à janvier au moins. 

Les gens sont gentils. Pas tous mais c’est la phrase qui m’est venue à trois reprises. 

Station Nation. Une dame cheveux en bataille appelle désespérément son chat. Il a échappé à sa vigilance. Hors de sa cage, il miaule où suis-je, qui sont ces gens, où est ma patronne ? D’autres voyageurs forment discrètement un rempart pour qu’il ne fuie pas. Le chat toujours en proie à la panique continue de miauler. Une dame apprêtée s’agenouille doucement, attrape le chat, le rend à sa maîtresse. Un jeune homme ramasse des affaires éparpillées et les tend à sa propriétaire soulagée. – Ouh là là, j’ai eu une de ces peurs. 

Station Philippe Auguste. Je manque tomber de tout mon long lors d’un à coup de la rame. Sur le qui-vive, bras en extension, des voyageurs empêchent ma chute. Sourires échangés. Une jeune femme me propose de s’asseoir à sa place. Je ne suis pas impotent mais peut-être empoté.

Restaurant Lolivà 2, Montreuil. Je me régale de la compagnie d’Isabelle, d’un verre de Clochard (vin blanc italien), d’un succulent velouté butternut, burrata, tartare de pomme verte aux amandes, d’un cabillaud et zupetta de lentilles. L’accueil est chaleureux, la déco cosy sans chichi comme j’aime. Merci Isa pour l’invitation.

Tandis que je songe à la gentillesse des gens, debout sur le quai, j’attends le métro qui va me conduire Rive gauche. La rame d’en face disparaît avec ses voyageurs et laisse apparaître un placard publicitaire qui vante les premiers secours en santé mentale : être gentil, ça sauve des vies.

Nombre de pas dans ma première journée parisienne : 18 372

Jour 1 partie 2. La magnifique exposition John Singer Sargent au Musée d’Orsay. Et la première de la comédie musicale La Cage aux folles à Châtelet. Pendant l’entracte, je dis à Misty Phoenix, la Big Bertha, Kitty Space et Ginger Bitch : je suis fan de vous ! Je dis merci à Laure Adler pour un conseil de lecture.

Jour 2. Un petit-déjeuner improvisé avec Laurie, rue Montorgueil. Un déjeuner avec Anne dans un des meilleurs bistrots⁽³⁾ parisiens (d’après l’équipe de l’émission Très très bon sur Paris Première). Le spectacle de Valérie Lemercier au Théâtre Marigny. Et au milieu une déambulation barbe au vent au gré de l’envie et l’inspiration.

⁽¹⁾ au spectacle je lui ai raconté ma manie. J’aime connaître la jauge des salles. J’ai un livre, une bible en son temps, avant internet. Où sont consignées toutes sortes d’informations sur des centaines de salles : le plan, les contacts, la jauge. Je l’avais acheté pour me faciliter les démarches pour « vendre » le spectacle que j’avais mis en scène.

⁽²⁾ 644 à 653 places par rame, soit 1036 sièges par train double

⁽³⁾ Anne et moi avons scellé un pacte. Je vous en parle plus tard. Il est aussi question d’une autre Anne, la patronne du bistrot où j’ai mangé la meilleure saucisse de toute ma vie, si si.