
Je ne me lasse pas d’admirer les trĂ©sors de patience, de pĂ©dagogie, d’empathie, d’autoritĂ© parfois, de ma moitiĂ© quand il conseille ou dĂ©panne informatiquement la voisine du dessus, l’Ă©piciĂšre, la sĆur de l’Ă©piciĂšre, l’amie et voisine de palier ou sa fille, ou encore mon ex-patron. Cela va de requĂȘtes trĂšs techniques, quel que soit le systĂšme d’exploitation, Ă l’installation d’une tripotĂ©e de chatons sur le bureau d’une collĂšgue aux anges.Â
Il arrive que l’interlocuteur ne souffre pas la contradiction, mĂȘme quand celle-ci est utile. Parmi les 107 appels qu’a traitĂ©s hier ma moitiĂ© pour le compte de NĂ©buleuse*, il y a une mĂ©lomane, il y a aussi une adepte des jeux.
La mélomane :
â Vous pourriez m’installer un logiciel pour enregistrer ma voix ?
â Pour quelle utilisation ? VisioconfĂ©rence, communications ?
â Ăa ne vous regarde pas.
â Ah. Si ça ne me regarde pas, je ne peux pas vous aider, madame.
Un temps. Elle souffle de dépit.
â C’est pour m’enregistrer quand je chante au bureau.
L’adepte des jeux :
â Je ne comprends pas pourquoi, quand je suis en tĂ©lĂ©travail, je ne peux pas jouer Ă Candy Crush !
â Sachez, madame, que quand vous ĂȘtes en tĂ©lĂ©travail, c’est la mĂȘme chose que quand vous ĂȘtes au bureau, ça n’est pas pour jouer.
â Et alors, vous croyez quoi, quand je suis au bureau, je joue aussi.
*Nébuleuse : je nomme ainsi la compagnie pour laquelle mon homme fait des prouesses informatiques