Avertissement. Ce billet est terriblement intime. Et pourtant, il faut qu’il soit Ă©crit. Pour elle.
Je fais aujourd’hui un pas de cĂŽtĂ©. Un Ă©cart au parti pris de ce blog (s’efforcer de ne dire que le beau, le merveilleux des petites choses ou, Ă tout le moins, laisser parfois une trace de la souffrance, en filigrane). J’Ă©cris ce billet pour vous dire mon chagrin. La perte d’un ĂȘtre prĂ©cieux. Qui a nourri ce blog et qui m’a souvent dit : « ça, c’est tellement des-fraises-esque », qui m’a inspirĂ©. Mais au diable le chagrin. L’important, aussi, c’est la perte, c’est l’absence, c’est le gĂąchis. L’important, c’est de la garder vivante et joyeuse, comme elle l’a si souvent Ă©tĂ©. Dans la vie. Et dans ce blog.
Amandine m’a dit un jour, dans un moment de dĂ©tresse, « Tu sais, Lolo, on peut mourir par manque de tendresse ou dâaffection. » Dont acte.
Tu m’as pris dans tes bras, me serrant fort fort fort, heureuse de me voir, et c’est moi qui aurait dĂ» te serrer encore plus fort, pour te dire Ă quel point tu comptais pour moi et tant de gens, tes amis, ta tante Catherine, Tadek qui t’amusait avec son Ă©levage de fourmis, les enfants Ă qui tu enseignais le théùtre, la famille de Sotigui, ou l’Ă©picier en bas de chez toi. Tu m’as concoctĂ© tant de fois ta tarte au maroilles. Tu m’as servi et re-servi du pinard entre deux chansons au ukulĂ©lĂ© que tu grattais avec talent pour moi, rien que pour moi. On en a vĂ©cu, des vertes et des pas mĂ»res. Pour mes 30 ans, tu m’as appris Ă rouler des pĂ©tards. Pour mes 40 ans, tu as gravĂ© de ton Ă©criture enjouĂ©e chaque verre de chaque convive. On a partagĂ© quelques NoĂ«l au coin du feu parce que cette date t’Ă©tait douloureuse. On a trinquĂ© Ă nos amours, Ă nos emmerdes, assis sur un coin de nappe posĂ© sur les pavĂ©s de l’Ăle de la CitĂ©, faisant coucou aux bateaux-mouches emplis de touristes Ă©merveillĂ©s glissant sur la Seine. Je t’ai emmenĂ©e voir Catherine Ringer Ă la Cigale. Tu m’as emmenĂ© voir Mariam et Amadou dans une fĂȘte Ă Saint-Ouen, c’Ă©tait chouette.
Dans la lettre que tu as laissée, tu écris : Lolo, courage, tiens le coup.
Je tiens le coup, ma belle. Aussi longtemps que le hasard me prĂȘtera vie, j’aurai une pensĂ©e pour toi qui m’a inspirĂ©, qui m’a aimĂ©, qui m’a envoyĂ© pĂ©ter quand je dĂ©connais. Tu vas me manquer. Terriblement.
Amandine, je te dédie mon blog.
Ă la mĂ©moire d’Amandine, morte Ă Saint-Ouen (93) Ă 34 ans, le 6/11/2014
billet publié sur des fraises et de la tendresse en novembre 2014
Pingback: 3 minutes de ukulĂ©lĂ© Ă Belleville – monsieur fraises
Merci pour elle Laurent, de re-publier cet article triste, mais au combien rempli de ton amour pour elle. Je ne la connaissais pas, sauf Ă travers ton blog. Bref, tu sais dĂ©jĂ le bien que j’en pense…. Des bises, Maryline
Un uppercut, et de la tendresse. C’est beau de laisser une lettre aux vivants.
Il faut l’Ă©couter quand elle chante et s’accompagne au ukulĂ©lĂ© (lien dans ce billet). J’ai pu rĂ©cupĂ©rer ce moment de grĂące des oubliettes d’internet.