Sur l’A7, approchant Marseille, l’automobiliste, la voyageuse dans le car ZOU, côté fenêtre, côté droit de préférence, le chauffeur qui hésite entre les marquages blancs ou jaunes sur la chaussée, tous ont remarqué ce cœur(1) assorti d’une bulle dans laquelle est écrit en capitales (comme l’écrirait Afida Turner qui n’écrit qu’en capitales) : C’EST MARSEILLE BÉBÉ ! sur un pilier d’un ouvrage d’art traversant la deux fois quatre voies, juste avant qu’ils ne soient ébaubis, pour la première fois peut-être, par cette vue imprenable sur la ville avec au loin la Bonne-Mère, la silhouette ondulée du massif derrière lequel s’étendent les Calanques, la Baie des Singes, la mer.

C’est Marseille bébé ! est tour à tour fier, ironique ou désabusé. Ça dépend du contexte et du regard que le Marseillais, le venant ou le touriste porte sur cette immense ville et ses 57 kilomètres de façade maritime à laquelle colle une mauvaise réputation vieille comme le monde. C’est Marseille bébé ! vient avec un soupir, un air blasé, comme pour signifier : c’est compliqué, que veux-tu, on fait comme on peut. Ou alors avec l’œil qui frise, on partage, amusé, sur les réseaux sociaux une scène improbable, extravagante que seule Marseille sait produire. Ou encore, le plus souvent, c’est un mélange de fierté, d’affectueuse crânerie, de joie aussi : on s’enorgueille facilement d’une ville qui offre des merveilles à qui sait les voir.
(1) L’artiste marseillais AIMSA aka @uncoeurdeplus sème dans Marseille et à travers le monde ses cœurs et ses messages.
