Black Box Diaries

J’ai vu Black Box Diaries Ă©crit et rĂ©alisĂ© par Shiori Itƍ. Sorti le 12 mars, le film raconte le combat de la journaliste d’abord Ă  travers un livre(1) puis ce film. Victime de viol par Noriyuki Yamaguchi, journaliste, proche et biographe du Premier ministre japonais Shinzƍ Abe mort en 2022, elle dĂ©marre son rĂ©cit en mettant en garde le spectateur (je cite de mĂ©moire) : si certains dĂ©tails vous mettent mal Ă  l’aise, faites comme moi qui ai vĂ©cu ce viol, retenez juste votre respiration. Les justifications du journaliste lors d’une confĂ©rence de presse sont proprement lunaires, Ă  l’image d’une sociĂ©tĂ©, d’une justices dĂ©faillantes : (je cite de mĂ©moire, encore) je n’ai rien fait de rĂ©prĂ©hensible par la loi, moi aussi j’ai souffert d’un syndrome post-traumatique.

Le 18 dĂ©cembre 2019, le tribunal de district de Tokyo condamne Noriyuki Yamaguchi Ă  lui verser 3,3 millions de yens (environ 27 000 euros) de dommages et intĂ©rĂȘts. Juridiquement, il n’est cependant pas condamnĂ© au pĂ©nal pour l’avoir agressĂ©e mais doit lui verser un dĂ©dommagement aprĂšs avoir reconnu « Ă  demi-mot Â» l’agression.(2)

La sĂ©quence au tĂ©lĂ©phone avec le portier, tĂ©moin de son entrĂ©e Ă  l’hĂŽtel, lieu du crime, est poignante : l’homme n’envisage pas autre chose que d’apporter son tĂ©moignage, au risque de perdre son emploi. Il ne le perdra pas, nous dit Shiori Itƍ Ă  la fin du film. Comme pour nous inviter Ă  ĂȘtre honnĂȘte, intĂšgre, courageux.

Le film dĂ©diĂ© Ă  toutes les survivantes a Ă©tĂ© nominĂ© pour l’Oscar 2025 du documentaire mais n’a pas dĂ©crochĂ© la statuette. La forme est tour Ă  tour abrupte, Ă©lĂ©gante, contemplative, Ă  fleur de peau, au plus prĂšs de son sujet. Saisissant Ă  bien des titres, il tient en haleine, scandalise, bouleverse.



(1) La BoĂźte noire, Ă©d. Picquier, traduit par Aline Koza et Jean-Christophe Helary. OĂč trouver un exemplaire ? Place des libraires.

(2) Wikipedia

« Aucun mĂ©dia japonais n’a cherchĂ© Ă  m’interviewer. » (article dans TroisCouleurs)

Commentaires

  1. MHF

    Il y a des scĂšnes assez hallucinantes dans le film, elle a un courage monstre.
    C’est fou qu’un pays comme le Japon n’Ă©volue pas plus vite pour protĂ©ger les femmes…

    • Preuve que le Japon est une sociĂ©tĂ© confite dans le patriarcat, hĂ©las. De ce que j’ai lu, son combat a fait bouger les lignes.

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