Joyeux Noël

Joyeux Noël

Avertissement : un peu d’humour noir et un billet subjectif. Je ne vais pas casser l’ambiance, je vous offre un petit récit aussi honnête que possible d’un certain Noël, le mien, celui de ma mère. Pourquoi je n’aime pas Noël : parce qu’il exacerbe les inégalités, qu’il montre à la fois l’opulence, la joie et la solitude, la misère. Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous.

Sans transition : échange entre un collègue et mon mec :

— Tu retrouves ta famille pour Noël ?

— Non, pas tout de suite.

— Pourquoi ?

— Parce qu’ils sont tous au cimetière.

Sans transition, encore. Il est 18h30 à l’ehpad, côté protégé (Alzheimer et maladies parentes). À table, les 11 personnes que compte cette unité d’une résidence de Charente. L’infirmier a distribué les petits sachets de médicaments. L’aide-soignante découpe la viande dans l’assiette d’une résidente à l’autre bout de la salle. Je tiens compagnie à ma mère, papote et l’aide à mon tour quand elle en exprime le besoin. Tic-tic tic-tic, la chienne trottine de table en table en quête de miettes. Rien ne distingue cette soirée un peu spéciale des autres soirs si ce n’est le dessert aux fruits rouges en hommage au père Noël. Pas de musique. Pas de compagnie, pas de famille, pas de visite. À la table de ma mère, nous sommes trois. Ma mère, monsieur G. et moi-même. Je ne vois de monsieur G. que le dos courbé, il tente en vain de saisir ses médicaments qui ont roulé par terre. Dans la salle, l’infirmier et l’aide-soignante ont disparu. Les médicaments de monsieur G. auraient très pu ne rencontrer que le balai de la femme de ménage le lendemain… si le hasard ne m’avait pas placé là, ce soir-là, attentif à ce monsieur comme à l’ensemble des résidents de l’unité.

Je prends congé de ma mère non sans l’entourer de mes bras et lui claquer une bise sonore sur la joue. Je retrouve l’immense maison vide de ma sœur, les poules, la chatte de ma mère, la chienne, une bière, une plâtrée de pâtes avec plein de fromage et un film d’horreur. Joyeux Noël 🎄

Commentaires

  1. C’est gentil à toi d’avertir mais je crois que c’est plutôt aux gens qui se sentent obligés d’être joyeux à dates et heures fixes, de faire la course au plus gros cadeau, de faire bombance avec liste de mets conseillés sans une pensée pour ceux qui crèvent de faim ou de froid, de s’excuser de ne pas coller à la réalité des autres.

    Je t’embrasse fort, avec un bon hug comme on sait faire.

    • C’est un maladif je sais que de s’excuser quand on dit à la cantonnade : pardon de ne pas souscrire à la profusion, aux cadeaux obligatoires quand famille ou amis ont déjà tout mais IL FAUT quand même trouver un cadeau quitte à exploser son bilan carbone (la planète cékoidon ?). Heureusement, il y a pléthore d’assos et d’humain.es (pas assez) qui veillent sur les plus faibles, surtout en période de fêtes. Big big hug to you too !

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